LES CAHIERS DU MOUVEMENT OUVRIER / NUMRO Une organisation du mme type se constitua, en mme temps, Odessa. Je faisais souvent le voyage de Nicolaiev Odessa ; je passais la nuit sur le bateau et la journe chercher de la littrature rvolutionnaire et faire de lagitation. Le mouvement prit une grande am- pleur ; lUnion des ouvriers du sud de la Russie de Nicolaiev regroupa jusqu deux cent cinquante ouvriers cotisants. La gendarmerie de Nicolaiev, jus- qualors indolente, se rveilla, et nous mit la main au collet sans tarder. A laide de deux provocateurs, elle arrta presque tout notre groupe. Je fus arrt le jan- vier 1898. pour laquelle je rdigeai des tracts, puis je partis Samara, o jentrai en rapport avec le groupe central de l Iskra , qui ras- semblait alors les rangs dissmins et di- viss de la social-dmocratie. Sur man- dat du groupe de Samara, jeffectuai plu- sieurs missions clandestines, Kharkov, Poltava, Kiev, puis ltranger. Je franchis clandestinement la frontire en Autriche et Vienne, je fis la connais- sance de Victor Adler et de son fils Fritz, internationaliste hroque de la dernire guerre. Par Zurich et Paris, je gagnai Londres, o se trouvait installe la r- daction de l Iskra et dont faisaient alors partie Lnine, Martov, Potressov his- toire des jours enfuis et les vieux dirigeants social-dmocrates Plekhanov, Axelrod et Zassoulitch, qui vivaient, pourtant, en Suisse. Lpope de la prison A ltranger Aprs, souvrit lpope de la prison. On minterna dabord dans la prison de Nicolaiev, puis on me transporta dans celle de Kherson, et trois mois plus tard Odessa, o je passai environ deux ans. Je fus condamn alors quatre ans de dportation en Sibrie orientale, passai cinq mois la prison de transit de Mos- cou, environ trois mois dans les prisons de transit dIrkoutsk et dAlexandrovsk, etc., en tout plus de deux ans et demi. Cest en prison que je passai de faon dfinitive sur le terrain thorique du marxisme ; je dois pourtant prciser que ds avant mon arrestation en janvier 1898, javais pris le nom de social-d- mocrate et travaill dans lesprit de la lutte de classe proltarienne. De la fin de 1902 fvrier 1903, je restai ltranger dans le groupe des mi- litants de l Iskra et collaborai au journal ; je fis le tour des villes dEurope o se trouvaient des groupes de tra- vailleurs et dtudiants russes pour y faire des confrences et des runions. Au deuxime congrs du parti, qui se tint lt 1903, je reprsentai lUnion si- brienne en mme temps que le docteur Mandelberg. Aprs la scission qui sur- vint au congrs entre la majorit et la mi- norit, jadhrai lopposition, qui en- gendra par la suite le menchevisme. Jditai alors Genve la brochure Nos tches politiques ; mais ds que le men- chevisme commena se dfinir comme un courant tactique affirmant la ncessit de coordonner les actions du proltariat avec la politique de la bourgeoisie lpoque de notre rvolution bourgeoise, je rompis avec le menchevisme et me tins en dehors des deux fractions. Mes annes dexil Je passai deux de mes annes dexil environ au village dOust-Koust, dans le gouvernement dIrkoutsk, et, ds le d- but du mouvement rvolutionnaire, en 1902, je menfuis, aprs mtre fabriqu un faux passeport au nom de Trotsky ; cest de l que vient mon pseudonyme, qui devint ensuite mon vritable nom. A Irkoutsk, jentrai en relations avec lUnion social-dmocrate de Sibrie, La rvolution de 1905 Aprs le janvier, lorsque le mouve- ment des masses commena balayer la Russie, je rentrai clandestinement en |