Adorno - Amorbach et autres fragments autobiographiques
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- Book:Amorbach et autres fragments autobiographiques
- Author:
- Publisher:Editions Allia
- Genre:
- Year:2015
- Rating:4 / 5
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Amorbach et autres fragments autobiographiques: summary, description and annotation
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Titre
THEODOR W. ADORNO
Amorbach et autres fragments autobiographiques
Traduit de l'allemand par
MARION MAURIN & ANTONIN WISER
D'aprs une dition tablie par
ROLF TIEDEMAN N
Amorbach
AMORBACH
WOLKMANN : une montagne l'image de son nom, un gant demeur l par amiti. Il se repose maintenant, tendu de tout son long au-dessus de la petite ville, qu' il salue depuis les nuages. Gotthard : le plus petit sommet des environs porte le nom du plus puissant massif des Alpes centrales, comme s'il voulait initier en douceur l'enfant l'entourage des montagnes. Celui-ci n'aurait pour rien au monde renonc l'id e qu'un passage secret conduisait depuis une grotte des ruines du clotre St. Gotthard jusqu'au couvent d'Amorbach.
C'tait, jusqu' sa scularisation l' poque napolonienne, une abbaye bndictine, basse, d'une longueur inhabituelle, avec des volets verts, attenante l'abbatiale. Hormis les entres, il n'y a dans sa structure rien d' nergique. Et pourtant, c'est l que j'ai appris ce qu'est l'architecture. J'ignore encore aujourd'hui si cette impression provient simplement de ce que j'ai d couvert l'essence du style grce ce couvent, ou si, dans ses dimensions et son refus de tout clat, s'exprime quelque chose que les constructions ont perdu par la suite. La veduta sur laquelle il est clairement reprsent, avec son tang peupl de carpes et l'odeur agrable, donne voir un morceau du clotre, habilement cach derrire un bosquet. S'en d gage chaque fois une beaut dont je demande en vain raison l'ensemble.
Dans la rue principale, l'angle du trs populaire relais postal, se trouvait ciel ouvert une forge au feu ardent. Trs tt le matin, j'tais rveill par les coups assourdissants. Je ne leur en ai pourtant jamais tenu rigueur. Ils m'apportaient l'cho d'un pass lointain. La forge demeura au moins jusque dans les annes vingt, alors qu'existait dj une station essence. Amorbach plane sur le monde d'images de l'enfance l'avant-monde de Siegfried qui, d'aprs l'une des versions, fut vaincu la source de Zittenfeld, au fin fond de la valle boise. Les Heunesulen , au-dessous de Mainbullau, dateraient c'est du moins ce qu'on m'avait racont alors des invasions barbares et tireraient leur nom des Huns. Ce serait plus sduisant que si on les faisait remonter une poque antrieure et sans nom.
Le ferry du Main, que l'on doit emprunter pour remonter vers le clotre d'Engelberg, a la particularit d'avoir conserv, comme moyen de transport, un caractre archaque qui, contrairement aux amicales en costume et aux monuments historiques, n'a rien de forc. Pas de faon plus simple et plus prosaque d'atteindre l'autre rive que ce bateau par-dessus le bord duquel Hagen jeta dans le Danube le chapelain, seul rescap du cortge des Nibelungen. La beaut de l'utile nous frappe aprs coup. C'est parce qu'elle demeure inchange travers les sicles que la musique du ferry sur l'eau, laquelle on tend l'oreille en silence, est si loquente.
Je suis d'ailleurs entr en contact avec le monde de Richard Wagner Amorbach. Le peintre Max Rossmann avait l-bas son atelier, dans une annexe du couvent ; nous prenions souvent le caf l'aprs-midi sur sa terrasse. Rossmann avait confectionn des dcors pour Bayreuth. C'est lui que l'on doit d'avoir vritablement red couvert Amorbach ; il y faisait venir des chanteurs de l'ensemble musical du festival. Quelque chose du style de vie hupp, avec caviar et champagne, se communiquait au relais postal, dont la cuisine et la cave surpassaient ce qu'on aurait pu attendre d'une auberge de campagne. Je me rappelle parfaitement de l'un des chanteurs. Bien que je n'eusse pas d avoir plus de dix ans, il engagea volontiers la conversation avec moi ds lors qu'il eut remarqu ma passion pour la musique et le thtre. Sans se lasser, il racontait au gamin ses triomphes, tout particulirement celui qu'il obtint dans le rle d'Amfortas ; il prononait la premire syllabe en l'allongeant singuli rement peut-tre tait-il hollandais. Je me sentis emport d'un mme lan dans le monde des adultes et le monde rv, ne pressentant pas encore combien tous deux sont irr conciliables. Depuis ce jour, j'identifie Amorbach ces mesures des Matres chanteurs, Dem Vogel, der da sang, dem war der Schnabel hold gewachsen , le passage prf r de Rossmann. La petite ville n'est situe qu' quatre-vingts kilomtres de Francfort, mais elle appartient dj la Franconie. Un tableau inachev et passablement abm de Rossmann, le Moulin de Konfurt , me ravit. Ma mre me l'offrit avant que je ne quitte l'Allemagne. Il a fait avec moi l'aller et retour en Amrique. J'ai retrouv le fils de Rossmann Amorbach.
Lorsque adolescent j'allais seul la nuit par les rues de la petite ville, j'entendais rsonner mes pas sur les pavs ingaux. J'ai retrouv ce son pour la premire fois tandis qu'au retour de mon exil amricain, en 1949 , je marchais travers le Paris nocturne, vers deux heures du matin, depuis le quai Voltaire jusqu' mon htel. La diffrence entre Amorbach et Paris est moindre que celle qui spare Paris de New York. Pourtant, le crpuscule d'Amorbach de mon enfance parce que, depuis mon banc, je croyais voir mi-hauteur du Wolkmann s'allumer simultanment dans toutes les maisons la lumire lectrique installe depuis peu anticipait chacun des chocs que reut par la suite l'exil en Amrique. Ma petite ville m'avait si bien protg qu'elle me prpara ce qui en tait la parfaite antithse.
celui qui arrive en Amrique, tous les lieux paraissent semblables. La standardisation, produit de la technique et du monopole, est angoissante. On en vient penser que les diffrences qualitatives ont ainsi rellement disparu de la vie, tout comme les progrs de la rationalit les excluent de la mthode. Qu'on se retrouve ensuite en Europe, et soudain, ici aussi, les endroits se ressemblent, qui paraissaient chacun unique dans l'enfance ; que ce soit par le fait du contraste avec l'Amrique, lequel crase tout ce qui est autre, ou que ce soit aussi parce que le style d'antan possdait dj cette contrainte normative qu'on associe navement l'apparition de l'industrie, et surtout l'industrie culturelle. Cette uniformit, mme Amorbach, Miltenberg ou Wertheim n'y chappent pas, ne serait-ce que par ce rouge dominant du grs, caractristique de la rgion, qui se communique aux habitations. Toutefois, c'est seulement en un lieu dtermin que l'on fait l'exprience du bonheur, celle de l'inchangeable, mme s'il s'avre aprs coup que ce lieu n'avait rien d'unique. tort et raison, Amorbach est rest pour moi le modle de toutes les petites villes, les autres n'tant que son imitation.
Entre Ottorfszell et Ernsttal courait la frontire sparant la Bavire du Bade. Elle tait marque sur la grand-route par des poteaux arborant les magnifiques armoiries et les couleurs des Lnder peintes en spirales, blanc-bleu pour l' un et, si ma mmoire est bonne, rouge -jaune pour l'autre. Entre les deux, un vaste intervalle. C'est l que j'aimais tout particulirement me tenir, sous le prtexte auquel je ne croyais nullement que cet espace n'appartenait aucun des deux tats, qu'il tait libre et que je pouvais loisir y tablir mon propre empire. Le fait que je ne prenne pas cela au srieux n'tait d 'ailleurs rien mon plaisir. En fait, cela tenait surtout aux couleurs barioles des Lnder, l'troitesse desquels je me sentais en mme temps chapper. J'prouvais la mme sensation qu ' des expositions comme l' ILA o d'innombrables fanions flottaient en parfaite harmonie les uns ct des autres. Le sentiment internationaliste m'tait alors dj familier, notamment parce que certaines frquentations de mes parents portaient des noms comme Firino ou Sidney Clifton Hall. Cette Internationale ne formait pas un tat unitaire. Sa paix s'exprimait dans un concert festif de diffrences, color comme les pavillons et ces innocentes bornes frontires qui, ainsi que je le dcouvrais avec tonnement, laissaient le paysage inchang. Le territoire qu'elles enclavaient et que j'occupais en jouant tout seul tait un no man's land. Plus tard, pendant la guerre, le mot fit son apparition pour dsigner l'espace d sert entre les deux fronts. C'est cependant la traduction exacte de ce terme grec d'Aristophane qu'autrefois je comprenais d'autant mieux que je l' ignorais : utopie.
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