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Jean François BILLETER - Esquisses

Here you can read online Jean François BILLETER - Esquisses full text of the book (entire story) in english for free. Download pdf and epub, get meaning, cover and reviews about this ebook. year: 2015, publisher: Editions Allia, genre: Detective and thriller. Description of the work, (preface) as well as reviews are available. Best literature library LitArk.com created for fans of good reading and offers a wide selection of genres:

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Esquisses: summary, description and annotation

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Titre JEAN FRANOIS BILLETER Esquisses Esquisses ON fait une esquisse - photo 1

Titre

JEAN FRANOIS BILLETER

Esquisses

Picture 2

Esquisses

ON fait une esquisse pour saisir une ide, une chose vue. On la refait parfois pour mieux concevoir l'ide ou mieux voir la chose.

Ces esquisses, je les ai retravailles, mais j'en ai conserv la forme. Je m'en sers pour tenter de rsumer ce que j'ai appris, depuis trois quarts de sicle, et pour baucher des conclusions.

Je laisse de ct d'infinies discussions sur ce que je dois d'autres auteurs prsents et passs, ou sur ce qui me spare d'eux. Cette libert est un autre avantage de l'esquisse.

PREMI RE ESQUISSE . Une conjonction de facteurs extraordinaire et unique a provoqu la naissance de la vie sur la plante Terre. Cette vie s'est dveloppe. la longue, elle a produit les animaux, dont notre espce, adaptable et inventive entre toutes, qui s'est rpandue un peu partout. partir d'un certain moment, cette espce a commenc se donner des organisations complexes qui sont devenues de plus en plus puissantes : les tats. Le phnomne est tout rcent. Il remonte cinq mille ans dans ses manifestations les plus anciennes ; peine deux cents gnrations se sont succd depuis lors. Il y a environ deux sicles, une nouveaut est apparue. Les possdants d'alors ont cr par la violence une classe de dpossds contraints de leur vendre leur travail contre un salaire au moyen duquel ils devaient ensuite acheter leurs moyens de subsistance des conditions qui ne dpendaient plus d'eux : le salariat. Cette rvolution sociale, qui privait une grande partie de la population de son autonomie, a t rendue possible par l'emploi des machines et une nouvelle division du travail : par la rvolution industrielle. Cette double rvolution est ne en Angleterre, s'est tendue l'Europe, puis au monde. En l'espace de quelques gnrations, elle a cr la situation dans laquelle nous sommes. Le travail impos aux peuples de l'Europe et des autres continents a permis une exploitation acclre des ressources naturelles du monde entier au profit de l'Europe, puis des tats-Unis et d'autres puissances, dont maintenant la Chine, et au profit des dtenteurs de capitaux au sein de ces puissances. Les consquences sont : . une ingalit dmesure entre pays riches et pays pauvres ; . une ingalit dmesure au sein des pays riches ; . une surproduction industrielle aberrante, cause d'un gaspillage insens ; . l'puisement des ressources naturelles, cause de guerres ; . le drglement de la nature, qui menace les conditions de vie de l'espce. Les signes avant-coureurs de la catastrophe se multiplient. Tout est all trs vite et va aller plus vite encore.

ESQUISSE n o . Partout dans le monde des associations crent d'autres rapports sociaux et d'autres faons de produire, mais elles le font en ordre dispers. Certains agissent une plus grande chelle pour remdier autant que possible aux effets les plus destructeurs du systme, mais ne le changent pas, faute de le pouvoir ou de le vouloir. Quiconque est inform craint le pire cependant qu'un sentiment gnral d'impuissance favorise chez beaucoup l'inconsquence ou le cynisme.

Pour sortir de cette confusion et de cette impuissance, deux choses sont ncessaires : nous entendre sur la cause de la crise o nous sommes, dterminer ce que nous voulons. Comme aucun retour en arrire n'est possible, ce sera ncessairement quelque chose de nouveau.

Ce sera par exemple l'abolition du salariat. Cette abolition est possible parce que les mthodes de production permettent dsormais de produire en une fraction du temps disponible tout ce dont nous avons besoin pour bien vivre. Son maintien nous contraint produire au contraire une quantit norme d'objets inutiles qui ne peuvent tre vendus qu'au prix d'une publicit omniprsente, d'une concurrence froce entre producteurs, d'une destruction de plus en plus rapide des objets produits et donc d'un gaspillage gnralis. Son maintien contraint en outre chacun trouver tout prix un emploi alors que le progrs des techniques rduit continment le nombre des emplois, ou devenir chmeur.

Tel est le moment prsent de l'histoire. Le capitalisme a cr en trs peu de temps les conditions de son propre dpassement, mais nous ne franchissons pas le pas parce que nous ne voyons pas la libert dont nous pourrions faire la conqute. Cet empchement est double : nous ne voyons pas que le salariat peut tre aboli et, quand cette ventualit est voque, nous n'en voulons pas parce que nous ne savons pas ce que nous ferions de notre libert.

Est-ce dire que notre servitude est volontaire ? Non, elle rsulte d'une tache aveugle. Il nous manque l'ide positive de la libert que nous pourrions conqurir si nous le voulions. Nous allons reculons, contre notre gr.

L'ide positive qui nous manque, le pass ne la fournit pas. Les ractions que le capitalisme a provoques ds ses dbuts, les luttes qui ont t menes contre lui ou contre ses effets l'ont t au nom d'une conception ngative de la libert : l'homme, suppos n libre, retrouverait sa libert native en brisant ses chanes ou la recouvrerait en rforman t pas pas un systme injuste. Mais cette ide de la libert ne suffit pas dterminer ce qui doit venir aprs. Marx n'a laiss aucune indication sur la socit qui devait natre selon lui de l'mancipation des travailleurs : leur libration devait engendrer d'elle-mme une socit meilleure. Cette lacune centrale de sa pense a eu pour consquence que ni le mouvement ouvrier, ni les rvolutions qui se sont rclames de lui n'ont aboli le systme capitaliste. Ils n'ont finalement fait qu'en produire des variantes tatiques. Il ne pouvait en aller autrement car, comme le dit Madame de Stal dans ses Considrations sur la rvolution franaise , il n'y a de dtruit que ce qui est remplac.

Le problme reste entier aujourd'hui. Il est vain d'affirmer que l'homme est n libre ou que c'est sa vocation de devenir un tre libre tant que l'on ne s'entend pas sur une ide positive de la libert.

ESQUISSE n o . Pour concevoir cette ide, replaons-nous nouveau dans l'histoire. Repartons du mouvement des Lumires. Il a t un mouvement de conqute de l'autonomie individuelle : ce n'tait plus aux autorits religieuses et politiques de prescrire chacun ce qu'il devait faire, mais chacun de se dterminer selon sa conscience et selon la raison, en s'accordant avec les autres par la dlibration. Ce mouvement a t philosophique parce qu'il a tudi notre nature en s'affranchissant autant qu'il lui a t possible des prjugs traditionnels. Il a tabli que nos ides ne nous sont pas imposes par une rvlation divine ou parce qu'elles seraient innes, mais que nous les laborons partir de notre exprience. C'est Kant qui a men son terme cette rvolution copernicienne il l'appelait ainsi. Pour lui comme pour les autres penseurs des Lumires, il allait de soi que leurs dcouvertes avaient une porte universelle. Les facults humaines qu'ils mettaient en vidence taient le propre de tous les hommes.

Ce progrs a t combattu avec la dernire nergie, d'abord par les pouvoirs dont il mettait en cause les prtentions traditionnelles, puis par des penseurs qui ont affirm que l'individu est au contraire ncessairement et entirement dtermin par son appartenance une communaut particulire, issue d'une histoire particulire, et ne peut trouver son bonheur qu'en obissant au destin de cette communaut. Leur rejet de l'universalisme s'est tendu jusqu' la pense : chaque peuple avait la sienne, exprime dans sa langue lui. Les tenants des Lumires et leurs adversaires se sont livrs depuis lors, et se livrent aujourd'hui encore une guerre sans merci. Ce conflit est l'une des cls de l'histoire des deux derniers sicles, peut-tre la plus importante, et des plus graves vnements actuels.

ESQUISSE n o . Nous y verrions plus clair si nous avions affaire dans cette guerre deux camps bien dfinis, celui des Lumire et celui des anti-Lumires. Mais tel n'est pas le cas, car l'esprit des Lumires a t trahi. Son ide matresse tait la raison . Chamfort l'exprimait ainsi : Qu'est-ce qu'un philosophe ? C'est un homme qui oppose la nature la loi, la raison l'usage, sa conscience l'opinion et son jugement l'erreur. Il ajoutait : Il y a peu d'hommes qui se permettent un usage vigoureux et intrpide de leur raison, et osent l'appliquer tous les objets avec force. Le temps est venu o il faut l'appliquer tous les objets de la morale, de la politique et de la socit ; aux rois, aux ministres, aux grands, aux philosophes, aux principes des sciences, des beaux-arts, etc. Sans quoi on restera dans la mdiocrit.

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