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Louis Aragon - Le libertinage

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Louis Aragon Le libertinage

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Aragon

Le Libertinage

Gallimard

A PIERRE DRIEU LA ROCHELLE

Mais moi qui ne suis pas du monde.

ALFRED DE MUSSET.

AVANT-LIRE

Je ne raconterai pas ma vie. Ce qui est ici monobjet, ce sont mes livres, l'criture. Au moins audpart, pourtant, cette trange occupation quipeu peu va s'emparer d'un homme est insparable de sa simple biographie. Je ne me souvienspas d'un temps o je n'aie pas crit. Ce quis'entend au moins de deux manires. Car j'aivraiment toujours crit, mme quand je ne savaispas crire : je dictais mes tantes des textes dontrien n'est rest. Les premiers souvenirs de ma viequi sont de l'avenue de Villars o ma famillehabitait et qu'elle a quitte au dernier terme de1899, et de Charbonnires o nous tions envacances l't de cette anne-l, sont peut-tremls de ce qu'on m'en a dit et des photographiesqui en demeurrent (j'avais de vingt-deux mois deux ans). Ma mmoire vritable commence l'Exposition de 1900, avec le trottoir roulant, etle Thtre d'enfants o j'ai attrap la rougeole.Mais enfin, cette part de la mmoire qui refltenon les choses extrieures, mais la vie intrieurede l'tre humain, la vie de l'esprit, la rflexion soi-mme adresse, je n'en retrouve trace qu'partir du moment o j'cris. Cela doit commenceren 1901-1902, et cette conscience rudimentaire demoi-mme est lie ce premier apprentissagephysique de l'criture, la rpulsion que j'avaisde cette brave dame qu'on avait charge dem'apprendre former les btons et les lettres, quiavait la regrettable manie, m'arrachant le crayonou le porte-plume pour me montrer d'exemplecomment faire, d'en sucer le manche, ce quim'curait.

C'est pourtant dans cette mme anne quen'ayant cependant jamais encore rien lu, ce quis'appelle lire, j'avais quatre ans, l'ide me vintd'crire, et de la faon la plus singulire. A part leThtre d'enfants de l'Exposition, je n'avaismme jamais vu un thtre, quand un jour, parcommodit, pensant que je n'entendrais rien dece qui se disait, on m'emmena par-dessus lemarch une pice du genre bouffe militaire quis'appelait Le billet de logement et n'tait gure demon ge. Mais je m'en souvins si bien dans ledtail que, pour me l'avoir entendu raconter(l'officier, il croit qu'il est chez des gens trs bien,mais pas du tout, c'est la maison publique...), mamre, croyant en effacer l'impression par unautre spectacle, me prit une place au Chteletpour Un oncle d'Amrique o la confusion n'taitpas de mme ordre (ici un automobiliste ,nouveaut alors du type cosmonaute, habilld'un manteau de fourrure avec des lunettesnoires, laissait, une halte, place un oursvritable que la dame dans la voiture prenaitpour son mari). C'est sous l'impression de cesdeux expriences que j'entrepris, sur le beaupapier pais des cabinets, d'crire au crayon unepice de thtre, dont distance je me rendscompte qu'elle tait plus proche de Shakespeareque du Chtelet ou de Mouzy-on. Cela s'appelait Les enfants de Cloptre, et il est certain quedans ma tte, comment je la dcrivais, cettereine d'gypte tenait physiquement de Mme Clode Mrode, dont j'aimais regarder le beauvisage sous les bandeaux, comme j'imagine lesenfants d'aujourd'hui s'attardent caresser celuide Mme Brigitte Bardot. Pendant les quatreannes qui suivirent, j'ai crit avec des caractresmls de dessins, sur le mme papier, un nombreconsidrable de romans, avant d'en avoir jamaislu. Je n'en ai conserv qu'un tardif, crit la finde 1903, six ans juste, et portant pour date1903-1904, parce que j'en avais fait cadeau Marguerite pour son anniversaire (fvrier 1904) : six ans, quand dj j'avais eu entre les mains Legnral Dourakine, et qui s'en ressent. Celas'appelait Quelle me divine ! et je l'ai publi en1923, sans correction que l'orthographe ni d'autreexplication que la date en fin du texte, dans LeLibertinage, si bien que fort longtemps personnen'a remarqu que c'tait l l'uvre d'un enfant,et mme en 1931 la revue Querschnitt Colognel'a traduit, en disant qu'il y fallait voir le rcitromanc d'un voyage que je venais de faire enUnion sovitique (parce que Quelle me divine !effectivement se passe, pour une part, en Russie).

Je regrette les manuscrits antrieurs que lapudeur de mes sept ou huit ans m'a fait dtruire.Ils comportaient en particulier une srie dequatorze romans o se faisait sentir l'influenced'mile Zola, que j'ignorais, cela va sans dire,simplement parce que ma mre prenait aucabinet de lecture de l'avenue de Neuilly la sriedes Rougon-Macquart et que, sur deux motsentendus table, j'avais dcid de faire de mesromans l'histoire d'une famille, et d'en appeler lecycle de son nom, Les Roun. Malgr cettevidente imitation, il est certain que tout dansces premiers manuscrits relevait de l'inventionpersonnelle : Zola born au nom de famille, rienn'y relevait ni de Balzac, ni de Stendhal. Pastrace du roman de papa . L'poque de lalecture commenant, on m'avait abonn MonJournal, une publication Hachette qui fut mapassion, mais o je fus entirement contaminpar les contes et les romans illustrs ; puis lalecture de Mon Bonheur, de Mon beau livre, duJournal de la Jeunesse, du Journal des Voyages, etavant ma premire communion (1908) le fait quej'avais dvor sensiblement toute la littratureclassique, tout le programme du bacealaurat,tout cela jette naturellement sur ce que j'ai crit partir de Quelle me divine ! un soupond'inauthenticit. Mais enfin les romans demeuraient la seule forme qui me semblt digne de moiet, jusqu' mon entre l'cole Saint-Pierre-de-Neuilly, en sixime, c'est--dire la rentre demes dix ans, je n'ai jamais crit rien d'autre. Il yen eut une soixantaine qui devenaient chaqueanne un peu plus longs, atteignant pour lesderniers deux ou trois cahiers d'colier, critsrecto et verso, prenant un caractre romantique,exotique, et surtout (sans une exception depuisl'poque des Roun, qui taient des romanscontemporains) se passant, de prfrence auMoyen Age ou la Renaissance, mais toujoursdans un sicle dfunt.

C'est Saint-Pierre que la posie me dtournadu roman, avec un livre de pomes qui s'appelaitLes Fleuves et les Heures, et deux tragdies encinq actes et en vers, L'Otage (sans rapport avecClaudel, il s'agissait de Charles d'Orlans) etTamerlan (dont le hros tait Hafiz, et l'action sesituait lors de la prise de Chiraz).

Tout cela prte sourire, comme l'enfance dela pense. Mais c'est l'enfance de la pense.J'appartenais donc ds le plus jeune ge cetteespce zoologique des crivains, pour qui lapense se forme en crivant, alors que pourd'autres hommes elle se forme en parlant. Je n'aipas chang depuis. Je crois profondment nepenser, au sens plein du mot, que lorsque jedonne la forme des lettres et des mots ce qui sedveloppe en moi. J'entends bien que, la plumepose, ce mcanisme singulier ne s'arrte pas, quinous semble distinguer l'homme de la bte, maispourtant la pense non fixe, courante, labile, quin'a corset ni de la phrase ni de la syntaxe, mesemble toujours un peu abusivement nomme dumme nom que celle qui a forme verbale crite etdemeurera sans moi ce qu'elle tait quand elle meprit pour sige, moi qui vais varier, perdre pied,oublier ce qui en fait la ncessit, la logique, le fil.

J'ai toujours crit. Et mme quand je n'ai pasl'air d'crire, je ne fais que me prparer le faire.Ce qui m'habite dans ces temps morts est unepense au sens vulgaire du mot, comme lesgammes sont de la musique. La grande affaire dema vie aura t le mariage de cette pense pleine,qui est de moi-mme, et du monde extrieur.C'est le passage de l'enfance de l'esprit cetteforce adulte, sans laquelle on n'a pas le droit aunom d'homme. Il arrive un jour o les mots fontl'amour avec le monde. C'est l ce que, pour moi,et je ne demande personne de trouver celaraisonnable, j'appelle ralisme. Depuis Les enfantsde Cloptre jusqu'aux annes trente, l'histoire demes livres est celle de cette croissance et de cedbat. La conscience m'en est venue peut-treassez tard, mais d'o je suis c'est ainsi que touta pris couleur.

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