DU MME AUTEUR
Aux sources de lorientalisme. La Bibliothque orientale de Barthlemy dHerbelot, Paris, Maisonneuve et Larose, 1978.
Les Origines intellectuelles de lexpdition dgypte. Lorientalisme islamisant en France (1698-1798), Istanbul/Paris, Isis, 1987.
Klber en gypte. Klber et Bonaparte, Le Caire, IFAO, 1988.
LExpdition dgypte, Paris, Armand Colin, 1989 ; rd. Paris, Seuil, Points-Histoire , 1997.
Le Royaume impossible. La France et la gense du monde arabe, Paris, Armand Colin, 1990.
Le Grand Jeu. Orient arabe et rivalits internationales, Paris, Armand Colin, 1991.
Lawrence en Arabie, Paris, Gallimard, Dcouvertes , 1992.
LOrient arabe. Arabisme et islamique de 1798 1945, Paris, Armand Colin, 1993.
Le Retour des exils. La lutte pour la Palestine de 1869 1997, Paris, Robert Laffont, Bouquins , 1998.
La Question de Palestine. I. LInvention de la Terre sainte, Paris, Fayard, 1999 ; II. Une mission sacre de civilisation, Paris, Fayard, 2002 ; III. LAccomplissement des prophties, Paris, Fayard, 2007 ; IV. Le Rameau dolivier et le fusil du combattant, Paris, Fayard, 2011.
Paix et guerre au Moyen-Orient. LOrient arabe et le monde de 1945 nos jours, Paris, Armand Colin, 1999.
Orientales I. Autour de lexpdition dgypte ; Orientales II. La IIIe Rpublique et lIslam ; Orientales III. Parcours et situations, Paris, CNRS ditions, 2004.
LOrient arabe lheure amricaine, Paris, Armand Colin, 2004 ; rd. Paris, Hachette Littratures, Pluriel , 2008.
LEmpire et ses ennemis. La question impriale dans lhistoire, Paris, Seuil, 2009.
LEurope et lIslam. Quinze sicles dhistoire (avec John Tolan et Gilles Veinstein), Paris, Odile Jacob, 2009.
Orients. Conversations avec Rita Bassil el-Ramy, Paris, CNRS ditions, 2009.
Le Rve mditerranen. Grandeurs et avatars, Paris, CNRS ditions, 2010.
Librairie Arthme Fayard, 2015.
ISBN : 978-2-213-69946-2
Couverture : conception graphique Josseline Rivire
Illustration Les Stone / Sygma / Corbis
Ray et Youssef Mouawad,
mes si prcieux amis libanais.
Du palais dun jeune Lapin
Dame Belette un beau matin
Sempara ; cest une ruse.
Le Matre tant absent, ce lui fut chose aise.
Elle porta chez lui ses pnates un jour
Quil tait all faire lAurore sa cour,
Parmi le thym et la rose.
Aprs quil eut brout, trott, fait tous ses tours,
Janot Lapin retourne aux souterrains sjours.
La Belette avait mis le nez la fentre.
Dieux hospitaliers, que vois-je ici paratre ?
Dit lanimal chass du paternel logis :
l, Madame la Belette,
Que lon dloge sans trompette,
Ou je vais avertir tous les rats du pays.
La Dame au nez pointu rpondit que la terre
tait au premier occupant.
Ctait un beau sujet de guerre
Quun logis o lui-mme il nentrait quen rampant.
Et quand ce serait un Royaume
Je voudrais bien savoir, dit-elle, quelle loi
En a pour toujours fait loctroi
Jean fils ou neveu de Pierre ou de Guillaume,
Plutt qu Paul, plutt qu moi.
Jean Lapin allgua la coutume et lusage.
Ce sont, dit-il, leurs lois qui mont de ce logis
Rendu matre et seigneur, et qui de pre en fils,
Lont de Pierre Simon, puis moi Jean, transmis.
Le premier occupant est-ce une loi plus sage ?
La Fontaine, Le Chat, la belette et le petit lapin
CHAPITRE PREMIER
La premire guerre isralo-palestinienne
LOLP doit quitter Beyrouth.
Ce nest pas ce que je souhaite. Cest la conclusion laquelle jai abouti, car les conditions israliennes, le rapport des forces et les donnes internationales de la situation ne laissent pas dautre choix.
Cest bien fini. La direction de lOLP doit faire face aux ralits. Nous ne sommes plus en 1976 lorsque Arafat avait affaire la Syrie et pouvait manuvrer entre les diffrents pays arabes. Aujourdhui encore, il cherche gagner du temps, esprant un miracle de la part du monde arabe, mais je ny crois pas. LOLP a besoin dune nouvelle direction qui aborde la sauvegarde des droits palestiniens sous un nouvel angle.
Certes, les chefs actuels de lOLP sont coincs, et ce nest pas le moment de les accabler. Mais jessaie de voir un peu plus loin que les vnements que nous vivons. Jessaie de rflchir la cause palestinienne et lintrt national du Liban pour la phase de laprs-invasion isralienne.
La rsistance palestinienne doit quitter Beyrouth, parce quy rester quivaudrait pour elle se suicider. En mme temps, ce serait un suicide pour Beyrouth.
O pourrait-elle aller ? en Arabie saoudite, en gypte, en Syrie ?
La Syrie est hors de question. Se transfrer en gypte ou en Arabie saoudite signifierait se joindre au processus de Camp David. Il aura t inutile ds lors davoir men toute cette lutte pour sy opposer. []
Lessentiel, cest une nouvelle lgalit palestinienne, une nouvelle stratgie, une nouvelle direction. Beyrouth tant prsent exclu, il faut que le peuple palestinien soit reprsent partir de quelque part et que ce lieu soit soustrait au processus de Camp David. Je suis conscient que lOLP risque de se suicider et quune guerre civile entre Palestiniens nest pas impossible.
Walid Joumblatt, le 24 juin 1982
Le but de Sharon et de ltat-major isralien est daller jusqu Beyrouth, de dtruire linfrastructure de lOLP et dinstaller Bachir Gemayel la
Il nignore pas quune pntration de cette envergure prsuppose daller au-del des positions tenues par larme syrienne au dbouch de la plaine de la Bekaa, rendant la confrontation invitable. Il compte prcisment l-dessus pour montrer son gouvernement que la logique des combats engags le contraint aller plus loin que ce qui avait t initialement avanc.
Laction des deux premiers jours doit ainsi inclure une progression rapide des blinds israliens le long de la route ctire, suivie de loccupation et du nettoyage du terrain par linfanterie. Dans le secteur central, larme isralienne doit agrandir la zone contrle par lArme du Liban-Sud jusqu Jezzin. lest, la progression doit aller jusqu la ville druze de Hasbaya afin de contraindre par la suite larme syrienne se retirer de la Bekaa Nord. Suivre la cte jusqu la route Beyrouth-Damas menacerait les Syriens par trois cts, les forant au repli sur la Bekaa. Selon la logique de Sharon, non explicite au gouvernement, il faut atteindre la route Beyrouth-Damas pour obtenir les rsultats souhaits, donc dpasser la limite des 40 kilomtres pour la faire respecter. Une fois proximit de Beyrouth, on pourra soccuper du changement de rgime au Liban.
Lexcution
Le 5 juin, lartillerie et laviation isralienne pilonnent systmatiquement le Liban depuis la frontire jusqu la proximit de Beyrouth. Le bilan annonc par la presse libanaise est de 130 morts et 250 blesss.
Le Liban saisit immdiatement le Conseil de scurit, qui vote la rsolution 508, engageant toutes les parties au conflit cesser immdiatement et simultanment toute activit au Liban et de part et dautre de la frontire libano-isralienne, et au plus tard le dimanche 6 juin 6 heures (heure locale) , et priant tous les tats membres qui sont en mesure de le faire duser de leur influence auprs des intresss afin que la cessation des hostilits dclares par la rsolution 490 (1981) du Conseil de scurit puisse tre respecte . Volontairement, on se refuse nommer Isral et lOLP.
Cest justement au matin du 6 juin que commence lopration Paix pour la Galile . Les troupes israliennes, environ 25 000 hommes, pntrent le long des trois axes prvus, tandis que la marine opre des dbarquements. 16 heures, un communiqu officiel annonce lopration, indiquant dj son caractre politique :