La psych en mdecine chinoise
Traitement des maladies psychiques et motionnelles par lacupuncture et la phytothrapie chinoise
Giovanni Maciocia, CAc (Nanjing)
Acupuncteur et phytothrapeute au Royaume-Uni
Professeur associ lUniversit de mdecine traditionnelle chinoise de Nanjing
Elsevier Masson
Copyright
Ldition originale, The Psyche in Chinese Medicine Treatment of Emotional and Mental Disharmonies with Acupuncture and Chinese Herbs, ISBN 978-0-7020-2988-2 a t publie par Churchill Livingstone, une marque dElsevier Limited.
dition originale : The Psyche in Chinese Medicine Treatment of Emotional and Mental Disharmonies with Acupuncture and Chinese Herbs,
Commissioning Editors: Mary Law/Karen Morley
Development Editor: Kerry McGechie/Veronika Watkins
Project Manager: Emma Riley
Designer: Charles Gray
Illustration Manager: Merlyn Harvey
dition franaise : La psych en mdecine chinoise Traitement des maladies psychiques et motionnelles par lacupuncture et la phytothrapie chinoise
Responsable ditoriale : Fabienne Roulleaux
diteur : Alcidia Vulbeau
Chef de projet : Nathalie Morellato
Conception graphique et maquette de couverture : Vronique Lentaigne
Giovanni Maciocia 2009
2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs pour la traduction franaise 62, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex www.elsevier-masson.fr
Lditeur ne pourra tre tenu pour responsable de tout incident ou accident, tant aux personnes quaux biens, qui pourrait rsulter soit de sa ngligence, soit de lutilisation de tous produits, mthodes, instructions ou ides dcrits dans la publication. En raison de lvolution rapide de la science mdicale, lditeur recommande quune vrification extrieure intervienne pour les diagnostics et la posologie.
Tous droits de traduction, dadaptation et de reproduction par tous procds rservs pour tous pays. En application de la loi du 1er juillet 1992, il est interdit de reproduire, mme partiellement, la prsente publication sans lautorisation de lditeur ou du Centre franais dexploitation du droit de copie (20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris).
All rights reserved. No part of this publication may be translated, reproduced, stored in a retrieval system or transmitted in any form or by any other electronic means, mechanical, photocopying, recording or otherwise, without prior permission of the publisher.
Photocomposition : Thomson Digital
Imprim en Chine
Dpt lgal : juin 2012
ISBN : 978-2-294-71336-1
Avant-propos
Pour de nombreux occidentaux qui rencontrent la mdecine chinoise, un de ses grands attraits est quelle semble sadresser la personne dans sa globalit, intgrant imperceptiblement le corps, lesprit et le psychisme pour comprendre la fois la sant et la maladie. Cette approche est considre comme loppos de la mdecine occidentale qui, surtout depuis le XVIIe sicle et pour des raisons diverses, a tendance sparer le matriel du psychique et du spirituel. Ds le IVe sicle AEC, Platon de plaignait de cette sparation. La plus grande erreur, dans le traitement des maladies, est quil y a des mdecins pour le corps et des mdecins pour lme, alors que les deux ne peuvent pas tre spars .
Lattraction exerce par la perspective dune mdecine globale comme la mdecine chinoise est tellement forte quelle est le premier facteur de motivation chez les personnes qui tudient et qui pratiquent la mdecine chinoise. Qui plus est, elle a conduit lapparition dcoles de pense lintrieur des nouvelles traditions occidentales de la mdecine chinoise, qui considrent que prendre en compte les dimensions motionnelle et spirituelle du malade est un prsuppos ncessaire la gurison, en accordant peut-tre moins de poids aux troubles physiques eux-mmes.
Sans aucun doute, il existe des raisons historiques limportance accorde cet aspect. Pour sr, dans les enseignements du yang sheng fa , lart de prserver la vie, on trouve que sefforcer de rguler lesprit et les motions est le point de dpart de toute dmarche pour rester en bonne sant.
, et mme avant, dans le Nei Ye (Lentranement intrieur), au IVe sicle AEC, on lit : Ceux qui gardent un esprit sain lintrieur ont un corps sain lextrieur .
Cest cette mme ide qui se retrouve aussi dans la thorie du Classique de mdecine interne de lEmpereur Jaune, qui voit dans le cur lEmpereur du corps. Le cur abrite le Shen et si le cur est fort et quilibr, alors les autres organes du corps, qui ont tous leur rle de ministres , le seront aussi, tout comme un Empereur sage est dit assurer le bien tre de lEmpire.
Comprendre lhistoire du concept dEsprit et sa relation avec la sant et le bien-tre nest toutefois pas chose facile. Comme Giovanni Maciocia le dit avec force dans tout ce livre, essayer dintgrer les enseignements et les pratiques mdicales dune culture aussi lointaine, que ce soit dans lespace ou dans le temps, exige tout dabord de savoir ce que recouvrent vritablement les termes desprit, de volont et de psychisme. Sans cette comprhension, on risque de plaquer notre propre culture et nos propres prjugs sur ce que nous pouvons lire, tudier et enseigner.
Mais ce que recouvrent les discussions classiques sur le Shen ne constitue quune des questions importantes que ce sujet primordial nous invite considrer. Dans quelle mesure un traitement administr par une tierce personne peut-il nous aider rsoudre nos problmes motionnels et spirituels ? Dans quelle mesure peut-on dire que le contenu du paysage motionnel dun individu donne une image juste de la personne ? Comment essayer de grer (et apprendre nos patients grer) les motions ? Dans quelle mesure faut-il accueillir et habiter pleinement ces motions et dans quelle mesure faut-il essayer de les apprivoiser et de les contrler ? Toutes ces questions relvent la fois de notre propre volution personnelle et de la faon dont nous concevons notre rle de praticien.
Si lon regarde certains enseignements traditionnels de mdecine chinoise sur la rgulation de lesprit et des motions, on trouve ce conseil, prodigu par le grand sage taoste du VIIe sicle, le docteur Sun Si-Miao :
Pour vivre longtemps, il faut sefforcer de ne pas trop sinquiter, de ne pas trop se mettre en colre, de ne pas trop se laisser aller la tristesse, de ne pas avoir peur trop souvent, de ne pas trop en faire, de ne pas trop parler et de ne pas trop rire. Il ne faut pas non plus avoir trop de dsirs et ne pas avoir faire face trop de situations perturbantes. Toutes ces situations nuisent une bonne sant .
Comment alors concilier ce dni ingrat des motions et notre croyance en une richesse saine venant de lexploration, de la libration et de lexpression de ces mmes motions ?
Dans la culture qui est la ntre, rconcilier ces deux perspectives peut sembler relever du dfi, que ce soit dans le cadre de notre travail avec les patients ou dans le cadre de notre vie personnelle. Il se peut que, comme cest si souvent le cas, harmoniser ces deux situations apparemment opposes soit la solution. Apaiser lesprit et sancrer dans le prsent nous permet de nous relier ce qui est universel et nous tenir lcart du bruit extnuant qui entoure ce qui nest pas motionnellement indispensable. Dans le mme temps, cultiver cette conscience profonde nous permet de mieux ressentir et explorer les courants de notre propre vie motionnelle. Peut-tre est-ce de cette faon que nous pourrons avoir un aperu dune sant motionnelle qui nest ni rpressive ni permissive.
Next page